On l’a vu, l’investisseur qui aurait placé son épargne en or avant la crise financière aurait évité bien des déconvenues. En gros, à la place de perdre gros en actions, il aurait pu voir son patrimoine multiplié par deux. Mais on le sait, ce type de commentaires est toujours plus facile à exprimer après les faits. Et d’ordinaire, les spécialistes de l’investissement conseillent à leurs clients de limiter à quelques pour-cent la part de leur portefeuille investie en or. C’est qu’en théorie, l’or ne rapporte ni intérêts ni dividendes. Sauf à en disposer en quantités suffisantes et à émettre des options de ventes sur le volume détenu. Ce qui n’est pas à la portée du premier venu. Mais la sécurité n’a pas de prix, et sur le long terme, l’or en portefeuille a finalement protégé ses détenteurs contre une perte en valeur.
Pour celui qui désire se prémunir (pour une partie de ses avoirs !) d’une éventuelle rechute du secteur financier, il est en tout cas très aisé de se procurer de l’or physique auprès d’un courtier spécialisé ou par le biais des intermédiaires financiers classiques. Qu’est-il possible de stocker ? Des lingots de 10, 20, 50, 100, 250 ou 500 grammes, ou même d’un kilo (environ 22000 € hier). C’est tout petit, aisément transportable et facile à revendre. Qui plus est, ce bien est frappé d’une TVA de 0 % ! On peut aussi acheter (ou vendre) des pièces d’or plus ou moins anciennes, dont la valeur varie de 70 à 700 €.
On paie ici, d’une part, le poids d’or fin contenu dans les pièces, et une prime liée à leur rareté. On tient compte encore dans l’évaluation du prix, de la qualité de la pièce, de son usure éventuelle. Quel courtage sur ces disques d’or ? Il n’y en a pas, ou plutôt, il est compris dans le "spread", l’écart existant entre le cours acheteur (celui auquel le courtier achète les pièces) et le cours vendeur (celui auquel il les vend). La différence est le bénéfice du courtier, sans tenir compte évidemment du risque qu’il prend en achetant des pièces lorsque les prix reculent.
Un marché actif ? "Il l’a été à un point qu’on n’osait plus l’imaginer, au moment de la débâcle de Lehman en septembre 2008", nous explique Didier Jacques (Gold4Ex). "A ce moment, on a été forcé d’accroître le "spread" pour certaines pièces parce que nous ne parvenions plus à en trouver nous-mêmes. Le spread est variable en fonction des conditions de marché et de la rareté des pièces : il va de 1,5 à 5 %, selon les cas». Et puis, il y a les dérivés, ETF, warrants ou options permettant de "jouer" les tendances de l’or. A manipuler avec précaution !
Aujourd’hui, on achète ou on vend ? "L’évolution des prix est une réponse à la question. Les cours restent soutenus, ce qui signifie que les acheteurs sont toujours là, et qu’une partie des investisseurs reste axée sur une politique prudente. Et d’autre part, on voit passer des vendeurs, mais pas suffisamment pour faire reculer les cours" . Ce blocage des prix de l’once d’or sous les 1000 dollars, c’est normal ? "C’est très difficile à dire, puisque des poids lourds - ceux que l’on connaît - comme les banques centrales- disposent de réserves importantes mais ne veulent pas les vendre massivement. Il y a donc toujours une hypothèque. Et puis, il y a des rumeurs persistantes sur des manipulations de marché par de gros opérateurs. Comment les recouper ? Difficile. On évoque notamment le fait que certains émetteurs de produits dérivés sur l’or ne disposeraient pas en réalité de la totalité de l’or physique destiné à couvrir ces produits" . Une bombe à retardement pour certains acteurs du secteur ? L’association Gold Anti-Trust Action Committee (GATA) va plus loin en assurant qu’il existe un grand complot mondial dans le but de manipuler les cours de l’or. La fièvre de l’or fait aussi naître des cauchemars.
source: https://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/des-lingots-des-pieces-ou-des-options-sur-le-metal-jaune-on-achete-ou-on-n-achete-pas-51b8ae17e4b0de6db9b7a0d4